auteurs des éditions de la gare - initiales O > P
AUTOPORTRAIT (Septembre 2018)
Provocatrice, volontaire, passionnée. aime passionnément les trains quitte à sauter d’un train à l’autre pour parcourir la planète.
AUTOPORTRAIT (Septembre 2018)
Mon premier bocal agité. ses quarante ans. Le cinquantième anniversaire de mai 1968 sur fond de grèves et de manifestations. Voilà le contexte.
Rêvons un peu… si j’étais un slogan, lequel je choisirais ?
Ecrire pour changer la vie ? Pour changer le monde ? ou pour échanger avec les deux… ecrire pour moi, c’est un jeu, une fête, une célébration, un partage. C’est la meilleure façon que j’ai trouvée pour me sentir reliée aux autres. C’est aussi ce que j’ai expérimenté ici, au milieu de cette communauté d’auteurs et d’amoureux du théâtre, dans cet aquarium magique qu’est la gare le temps du Bocal.
Je ne crois pas à la solitude l’écrivain, ni à son isolement dans une tour d’ivoire. quand j’écris, j’entends et je remarque la présence des autres en moi et à quel point leurs voix me constituent. Je transporte les rencontres qui m’ont marquée, émue, touchée, transformée. Je les retrouve vi-vantes et elles, elles ont besoin de s’exprimer. Peut-être se sentent-elles captives, prisonnières, peut-être qu’elles se disent qu’elles n’ont plus rien à faire là et qu’il est temps de retrouver leur liberté.
Qui sait ?
Parfois, devant ma feuille blanche, j’ai l’impression d’être un poisson rouge qui se cogne la tête contre les parois de son petit bureau… au Bocal, il est interdit d’interdire et de tourner en rond. dans le vaste espace du théâtre, difficile de se sentir aussi coincés et serrés que des sardines dans leur boîte. on est pris dans le bain bouillonnant du temps limité. Les consignes servent de hameçons aux idées qui fusent… Les rêves, les fantasmes, les obsessions (qu’on espère être des malles au trésor), enfouies sous des monceaux de sable au fin fond de notre inconscient, s’échappent à toute vitesse. dans cet océan de tous les possibles, je me suis plutôt sentie comme un pêcheur, une pêcheuse au féminin - une pécheresse, c’est autre chose. Les petits poissons, c’étaient les mots. J’agitais mon filet pour les attraper.
Mercredi 25 avril, au réveil, je n’avais pas d’idées préconçues. Je suis cependant venue chargée de certains bagages… 1968, c’est le joli mois de mai français, mais aussi le printemps de Prague. de ma table, près de la fenêtre, j’entendais une valse d’hélicoptères… Les trains… La gare… Le lieu m’a fait pensé à la station dans un film de la nouvelle vague tchèque, trains étroitement sur-veillés et je suis remontée jusqu’à mes origines du côté paternel. et soudain, j’ai eu envie d’aborder le poids de l’histoire familiale à laquelle nous relie notre nom. Les dés étaient lancés.
Je dépose tout ça ici. Le metteur en scène et les acteurs ont continué l’aventure. ils se sont em-parés avec une grande justesse de ce texte. C’est un grand bonheur que de les avoir vu agiter ces mots sur le plateau.
Auteur, comédienne, chanteuse, issue d’un improbable mélange entre l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord, elle fait d’abord des études de piano, danse, philosophie, hongrois, violoncelle, et contrebasse avant de se diriger vers le théâtre. Son premier scénario, L’Homme et le Chien, remporte le Prix Kieslowski-MK2 sur le thème de l’éducation, et est diffusé dans les MK2 et sur France 5. Elle poursuite dès lors en parallèle une carrière de comédienne chanteuse/musicienne - et d’auteur metteur en scène, compositeur qui ne cesseront de s’entrecroiser.
Elle crée la compagnie Les Mots Dits, dont elle est la directrice artistique, en 2010. Elle a fait partie du comité de lecture des éditions LLF, et du jury du conservatoire d’art dramatique du 20ème arrondissement. Elle a été membre du jury du festival de Chatillon sur Chalaronne pour la SACD pour la remise du prix Jean Tardieu. Elle a entamé une collaboration artistique avec Kristian Frédric (compagnie Lézards qui bougent) pour la création de Cavalleria Rusticana et Pagliacci dont la création est prévue en 2017 à l’Opéra du Rhin.
France
AUTOPORTRAIT (juillet 2017)
Il y a le mot « merci » qui frappe si fort contre mes lèvres, que je lui cède le passage. Le voilà, ça y est, tout vibrant, si ému sur la scène, que j’ai envie de lui offrir un monologue. allez vas-y, c’est à toi. Lumière ! Mais où sont passés les régisseurs ? et toi, arrête de te faire tout petit, prends l’espace, tu l’as voulu, on te l’offre, profite ! allez on recommence : Lumière ! (et la lumière fut cette fois) :
— Merci à celui qui m’a parlé du Bocal agité. (J’avoue, j’ai honte – je me flagellerai quand j’aurai cinq minutes mais je ne connaissais pas !)
— Merci à celui ou celle qui n’a pas pu venir et, sans le savoir, m’a offert sa place. (non, non, n’allez pas me suspecter d’un crime odieux.)
— Merci à celui qui s’agace quand on le remercie, car sans lui : rien. (non, non, pas crier, pas frapper, pas mordre, gentil !)
— Merci aux autres autrices et auteur pour la simplicité et la chaleur de la rencontre ; je n’aime pas les gens « à grosse tête et chevilles enflées », et là, il n’y en avait pas. (Youpi, youpi, youpi)
— Merci à l’agitateur du bocal. (au fait, c’est moi celle qui demande où sont les toilettes, hein ?)
— Merci au metteur en scène et aux comédiens qui m’ont impressionnée par leur enthousiasme, intelligence, générosité et talent. et d’ailleurs si une compagnie veut « m’attraper », pour me faire écrire sur commande et sous la contrainte (euh… sans heurter mon féminismemilitant of course), je dis : banco !